vendredi 14 décembre 2007

Entre neige et désert...

On a passé deux jours à Quetta, à se goinfrer de bon bœuf bien gras et de délicieux pain baloutche, à acheter des fruits secs, des épices, à boire des thés dans toutes les boutiques, à chercher en vain des décos pour Gégé…





et à racheter un filtre à pétrole (celui changé par les indiens a duré 2 jours… tout comme la réparation du chauffage, qui coule, et le réglage du moteur, qui consomme presque 20l aux 100km et n’a plus de pêche en GPL ! Manu est fu-rax…).
Quetta étant entre montagnes et désert, on a eu bien froid la nuit et super chaud au soleil… Résultat : rhume !
Départ à 4h30 du matin le 7 décembre, pour tenter de gagner la frontière en une journée… On a déjà mis 2 heures montre en main pour sortir de la ville pourtant déserte, chacun des rares passants nous indiquant la direction d’où on venait comme étant la bonne route ! Puis lever de soleil sur le désert… Chaud, chameaux, sable, roche, maigres buissons : les paysages doivent vous dire quelque chose !










On a bu quelques thés avec les policiers des postes de garde, mais on est quand même arrivés au coucher du soleil à destination.
On s’est posé derrière la douane, et un sympathique et rigolard douanier est venu nous proposer de fumer un joint avec lui ! Comme il dit, quand on travaille à la douane, c’est bien pratique pour récupérer du haschich de première qualité… d’ailleurs, tout le monde en fume, alors ! On ne pouvait pas refuser (on a essayé, mais il s’est presque vexé !), mais le temps qu’il revienne, on avait déjà sombré dans les bras de Morphée… Dommage !
Les formalités douanières paki se sont passées avec le sourire et en quelques minutes, plus le temps d’un thé et d’une cigarette (et non, désolés, on ne fume pas de hachisch avant de prendre le volant !) ; les formalités iraniennes en trois heures au bas mot, plus une heure pour attendre notre escorte ! Heureusement qu’on a gagné 1h30 en passant la frontière !
Ah, ils vont nous manquer ces pakistanais, leur accueil, leur simplicité et leur sourires…


En Iran, comme on a refusé de payer 25$ pour l’escorte complète, on a juste un militaire dans Gégé, qui ne parle bien sûr que farsi… Au barrage de contrôle suivant, on attend… une demi heure… pour récolter un nouveau militaire. 20 bornes plus loin, on stoppe à nouveau et on attend… 20 minutes… puis on repart, toujours avec notre militaire, qu’on dépose à sa caserne, 20 bornes plus loin, à Zahedan, où on attend que la police nous prenne en charge pour nous emmener à la banque, puis acheter la carte de pétrole.
D’escorte en escorte, d’attente en attente, on arrive stressés mais juste à temps avant la fermeture de la banque. Rials en poche, on essaye en vain de leur faire comprendre qu’on veut une carte de carburant en leur montrant une vide qu’on avait gardé… ils ne comprennent rien, c’est à s’arracher les cheveux… Finalement, on fait le plein sur une carte du vendeur de journaux en face de la station, qui doit en faire de la contrebande ! On attend la dernière escorte, qui arrive enfin, pour nous dire qu’on peut y aller, seuls !
Il doit y avoir une opération anti-drogue dans le coin, car les contrôles sont nombreux et la fouille sérieuse, enfin sauf pour nous ! Mais arrivés dans les montagnes, stop, il nous faut une escorte, very dangerous area… Et on attend… La prochaine ville est à 200km, on en a fait 100 depuis ce matin, et il est 16h, le soleil descend… Une heure après, on nous explique en anglais de 3 mots qu’il faut attendre encore 3 heures qu’une voiture de la police spéciale nous prenne en charge ! On est plantés entre les camions et les bus qui se font contrôler et on s’installe : thé, barricade… Manu allait gagner quand ouf, il faut dégager et suivre une 405 banalisée avec un mec dedans ( la police spéciale ?! ) qui nous suivra 10 minutes puis pffft, disparue ! Tout ça pour ça !
Ben au moins, plus besoin d’attendre ! On trace dans la nuit, jusqu’à un petit restau sympa, où après le repas, le proprio nous ouvre sa cour pour mettre Gégé au calme de sa palmeraie, et on passe une nuit tip top !Et ensuite, c’est km sur km sur des routes nickels mais monotones dans le désert plat, avec un vent de côté pas sympa…
Par contre, il y a de l’essence de contrebande partout au bord de la route ! cool !



Mais arrivé à la fin du plein, plus un bidon à l’horizon… on vide un des jerricans, puis le deuxième, puis quasi tout le GPL (qui fuit depuis la révision en Inde, d’ailleurs…) sans en trouver une goutte!

On s’arrête pour la nuit à Yazd, sur le parking d’un hôtel très beau dans une maison traditionnelle rénovée avec beaucoup de charme. Douche chaude, repas délicieux (du chameau !), courte balade dans le bazar et dodo sous la couette (il faut de plus en plus froid la nuit…).

Après un bon petit dej d’omelette, fromage frais, olives, dattes et confiture de carotte, on récupère enfin une carte de 400l qui nous permettra d’aller jusqu’à la frontière tranquilles. On trace…






Tellement, qu’on passe Téhéran et que quand on s’arrête, on n’est plus qu’à 600km de la frontière !
Et ça caille !!! L’eau des flaques est gelée… On mange un dizi, un bon ragoût de mouton brûlant et roboratif, qui réclame une certaine technique : c’est servi dans un pot en terre rempli à raz bord et avec un pilon… Après observation des autochtones, voilà la manière : on boit une partie du bouillon, on verse le reste dans un bol à côté, puis on pile, on écrabouille, on bouillifie le ragoût, patates, pois chiche, tomates, mouton et tout, qu’on déguste ensuite avec les galettes de pain… miam !
Au petit matin, les vitres de Gégé sont gelées, dehors comme dedans ! Heureusement qu’on a les panneaux isolants pour nous protéger, mais c’est pas rigolo de sortir de la couette douillette !! Manu mets vite à chauffer Gé et garde son chapeau patchoun pour le petit dej ! Les collines autour sont blanches et il y a de la neige dans les champs… C’est l’hiver, quoi !












D’ailleurs on s’arête acheter des chaînes pour Gégé : des espèces de trucs qui pèsent 10 tonnes, avec des crampons tous les 2 centimètres ! Avec ça, on franchira tous les cols du monde !



Déjà, on franchit la frontière : on grille une caravane de minibus, fourgons, camions et autres véhicules russes qui se rendent à la Mecque : des centaines de russes, hommes et femmes, attendent les tampons et contrôles… On passe sans problèmes et sans fouille, et on se retrouve en Turquie, autant dire presque à la maison !

L’Iran, ses contradictions et son hospitalité sans bornes vantée par tous ceux qui s’y sont rendus, nous sera passée sous le nez, bien trop superficiellement effleurée… Ce sera pour une prochaine fois !
En Turquie, il fait nuit, mais on décide d’avancer encore un peu et après avoir acheter quelques bières (hé hé…),
on prend une petite route direction le lac de Van et le pays kurde, histoire de se réveiller dans un paysage joli. Ce que je n’avais pas bien vu sur la carte, c’est que ça grimpe, vraiment… La route est à flanc de montagne en fait, et les montagnes sont pleines de neige ! Et la route de plus en plus gelée, jusqu’à être quasi un miroir… Manu me maudit et on est à deux doigts d’étrenner les chaînes ! Les camions en ont, d’ailleurs et celui devant nous qui n’en avait pas nous fait une belle glissade sous le nez… On fait précautionneusement du 10 à l’heure… et on se pose au bord de la route à la sortie d’un village dès qu’on le peut ! C’est tout blanc partout… On se fait un petit apéro, et hop, au chaud sous la couette !
On est déjà bien endormi quand ça frappe au carreau : c’est le tenancier du salon de thé un peu plus loin, un adorable kurde, qui explique à Manu, en kurde donc, qu’il est hors de question qu’on reste là dans le froid, et qu’il nous invite chez lui ! Manu a toutes les peines du monde à lui dire non, et il repart quasi scandalisé… Mais l’idée de sortir de la couette, de se rhabiller, d’enlever toutes les protections des fenêtres pour avancer Gégé plus loin, ça ne nous a pas donné le courage d’accepter son invitation. Le lendemain matin, à l’aube, on découvre le paysage : blanc blanc blanc !



On se prend un bon petit dej, et quand je sors prendre une photo, le kurde au loin nous fait des grands signes et se met presque à genoux pour qu’on le rejoigne ! Il nous offre le thé et nous réexplique que vraiment, ce n’était pas bien d’avoir refusé son invitation du soir, ce qu’il redira encore en hochant la tête de désespoir à tous ses clients au fur et à mesure qu’ils arrivent boire le thé.

Au bout de trois thés, on s’esquive et on reprend la route sous un ciel plutôt gris.
Le lac de Van, au milieu des montagnes enneigées, est immense et superbe, et malgré quelques soucis avec le GPL, que Manu arrange comme un chef, on se régale du paysage…



Pause dejeuner : du bon mouton...
Vu l'odeur dans Gégé, Manu a du mal a digérer le mouton!!!
Après la traversée d’immenses plaines, en direction de la frontière syrienne,


on se pose pour la nuit sur la place d’une jolie petite ville, Mardin, où les gardiens du parking nous offrent le thé (et l’accès à leurs toilettes toute la nuit : sympa !).Avant d’arriver, on avait fait une halte dans un lieu dont on avait même oublié l’existence, lieu de tous les délices et de toutes les tentations… le supermarché ! C’est propre, éclairé aux néons, et il y a tout comme à la maison… ou presque : trente sortes de fromage à tartiner, de la charcuterie mais de volaille, des yaourts mais en pots de 2kg, et du raki à la place du pastis! Du coup, la table du petit dej est à peine assez grande !

Balade digestive dans la ville, sous le soleil.






On continue ensuite vers l’ouest, le long de la Syrie, et des touches arabes viennent pimenter le décor : on voit des chèches façon Arafat, des vieux en sarouel, des palmiers… Et quand on arrive à Saliurfa pour déjeuner, on est en plein mélange Turc, Arabe, Gipsy, Kurde… un vrai bonheur ! On se balade dans le parc autour de la grotte où est né Abraham, où il y a un canal et des bassins remplis de carpes sacrées que les pèlerins et passants nourrissent : jamais vu autant de poissons ! Et il paraît que avant le canal sillonnait toute la ville…




On se perd ensuite dans un sympathique bazar, au milieu des foulards violets ou blanc brodés ; on prend un thé dans un ancien caravansérail (il y en a 28 dans la ville !) ; on achète une peau de mouton trop douce et épaisse, pour mettre sur les petons la nuit ; on se régale d’un kebab bien épicé ; bref, une pause vraiment agréable dans une ville où on aurait bien flâné un jour ou deux !



Mais on voudrait voir la Cappadoce sous la neige avant de rejoindre Konya avant la fin du festival des derviches tourneurs, et on repart donc en début d’après midi. Le temps vire à la pluie, puis au déluge, et on passe notre première nuit dans Gégé avec le bruit des gouttes sur le lanterneau depuis le départ du voyage !
Arrivés vers la Cappadoce, sortis du brouillard, c’est tout blanc et trop beau !
Mais hélas, la Cappadoce et ses bizarreries géologiques restent sans neige… On en profite quand même pour se prendre une chambre (et une douche !!!) dans un petit hôtel qu’on avait repéré quatre mois avant, en pleine chaleur…

Et demain, a nous les derviches!














8 commentaires:

Anonyme a dit…

Salut les jeunes !!!
Ah la la, encore des photos magnifiques et des commentaires passionnants, c'est que du bonheur de vous suivre dans ces pérégrinations, une vraie bouffée d'air frais pour nous autres pauvres français !
Z'avez tracé dites donc, prenez votre temps, il vous en reste un peu ! Manu, faudra que tu me donnes le secret de ton beau poil brillant, je vais être jaloux !!
Bonjour aux derviches et ne tournez pas trop !
Bises à vous,
Philippe

Anonyme a dit…

Un petit bonjour du Canada ou la temperature la nuit est de -24 et la journee -15 Alors!!!!!

Bon je vois que Gege sent le chemin de l ecurie et vous de meme.

En tout cas que de beau paysages et de belles couleurs qui vous entourent et que nous avons la chance de partager avec vous.

En tout cas il y aura des recettes de tous les pays tres bien nous pourrons exercer nos talents culinaires avec Marguerite pour vous les faire deguster a notre maniere.

Emmanuel gagnera une coupe de tifs des mon retour(il en a bien besoin)

Gros bisous a tous les deux
Brigitte

Anonyme a dit…

De la neige... incroyable ! Nous voilà enfin au diapason : vous avez froid comme nous ! Bon OK, pour nous, le soleil c'est pas ça, mais bon, ça va hein, faudrait voir à pas trop crâner non plus...
Les photos sont sublimes, les paysages féériques et les Loulous n'en reviennent pas que vous ayez mangé du chameau !
Pleins de bisous à tous les deux et... à bientôt (yesssssssssssss !)

Anonyme a dit…

Superbe série de photos, bravo !!
Profitez bien des derniers moments en dedans l'Gégé !
La bise
L'italien de Messimy

Anonyme a dit…

souperbe !!!
je sens qu'il va y'avoir de la compète de poils à votre retour !!!!
big bizzzz à vous deux
john

Anonyme a dit…

Qeuls paysages....photos superbes illustrant des commentaires inte- ressants! les couleurs sont plus douces aussi, je crois avoir com- pris que vous avez aimé le Pakistan qui, vu de la France ne semble pas un pays d'accueil cal- me...comme quoi !..TRES BON NOEL en Grèce,il y a pire comme choix, nous penserons fort à vous et...à bientot

Anonyme a dit…
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Anonyme a dit…

super votre épopée ! on vous souhaite de bonnes fetes et un bon retour

christian annie du mollard