vendredi 28 septembre 2007

des nouvelles fraiches et bonnes!

Attention! 2 posts publies ce jour, donc si vous ne voulez pas vous embrouiller, commencer par le plus ancien, la piste de Chotral, puis la Kalash Vallee...
Derniers posts depuis le Pakistan ? sans doute...

Bon, la Chine, on laisse tomber après discussion avec moult autres voyageurs : trop compliqué, trop de paperasse pour nous et Gégé, un guide obligatoirement scotché à nos basques… et trop trop cher surtout ! Mais on a de quoi faire en deux mois en Inde, avec peut-être un tour au Népal… On ne sait pas encore, et vous verrez bien ! Sinon, pas de suspens, quoi !
Merci encore à tous pour vos commentaires en prochain post vers Delhi ?

La Kalach Vallée


Après une balade dans Chitral avec Choukal, notre passager du matin,
et quelques emplettes dans la cohue précédent la fin journalière du Ramadan,


nous décidons d’aller le lendemain avec Choukal passer deux jours chez les Kalash, une ethnie à part au Pakistan, la seule qui ne soit pas musulmane.
Au petit matin, nous partons donc tous les trois,
et quelques km plus loin, nous laissons Gégé entre les mains bienveillantes de la police, car il paraît que la route n’est pas assez bonne pour Gégé, malgré ce par quoi il est déjà passé !
On grimpe dans une jeep, direction Bamburat : effectivement, c’est pas large, virages bien serrés, gros trous… et surtout, la route est creusée dans la montagne, et Gégé aurait été bien trop haut pour passer !


En arrivant au village, on se laisse prendre en mains par Choukal, qui nous dégotte une petite guest house perdue sur la colline, au milieu des maïs et des maisons en bois et pierre. Ce sont des petites Kalash qui nous montrent le chemin, trop mignonnes avec leur habits brodés et leurs coiffes en perle.




Après avoir fait connaissance avec l’autre hôte, un japonais contemplatif qui reste là-bas quelques mois « le temps de voir les arbres devenir jaunes » (sic !), le propriétaire de la guest house, très sympa, nous fait préparer le repas, et nous offre un verre de vin (en fait leur « wine », c’est de l’alcool de raisin à au moins 45 degrés…) et un petit joint de bienvenue avec du shit afghan de première qualité, dit-il! mmmm… on devient nous aussi contemplatifs après tout ça ! Il faut dire que c’est beau, calme, serein… Un souffle d’air qui bouge les fleurs, trois chatons qui jouent au soleil, le chant des ruisseaux, des oiseaux et des enfants, les femmes avec leurs belles tenues qui font la lessive…



Il faut faire un effort pour suivre Choukal pour une balade dans la campagne!
On traverse une petite rivière
et c’est un paysage tout doux, tout tendre qui nous attend… On pourrait rester des jours assis sur une pierre ronde à savourer cette atmosphère. Par endroit c’est magique comme la Bretagne des contes, à d’autres on se croirait dans un jardin Zen ; partout des canaux bordés de pierre, le bruit de l’eau qui courre, les maisons en pierre qui se fondent dans le paysage… Le plus bel endroit du Pakistan pour Manu !









On remonte à la guest house, et on passe une super soirée dehors, au coin du feu et bien emmitouflés dans les pulls car la température a chuté brusquement avec le soleil, avec d’autres personnes qui passent, restent quelques temps, repartent… Et ça boit de l’alcool, ça fume des joints, ça rigole, en anglais, en Urdu, en Kalash… Et la lune est belle, les étoiles brillent dans un ciel tout noir… Tranquille, quoi ! On passe une top nuit tout habillés sous la couette dans la grande chambre en bois en se promettant de revenir là passer une semaine après l’agitation de l’Inde…
Petit dej avec du thé et des chapatis fourrés à la purée de noix et aux tomates séchées, derniers moments savourés sur la terrasse… et retour en jeep sans problème jusqu’à Gégé qui nous attend sagement au frais sous un arbre. On ramène Choukal chez lui à Chitral, séance photo, échanges d’adresse…
et on est prêts pour la redescente par la Swat Vallée jusqu’à Islamabad. Une partie de plaisir, pense-t-on… mais tiens, la route est presque pire que entre Gilgit et Chitral !!!

De la piste encore, puis on grimpe sur des dizaines et des dizaines de lacets serrés contre le flanc des montagnes jusqu’à un col à 3500m,



puis on redescend sur une route en construction en pierres où on ne peut se croiser qu’avec peine (on restera pas mal de fois à attendre que la situation se débloque : genre deux camions qui arrivent face à face, aucun ne veut reculer, un 4x4 se rajoute en klaxonnant et double furieusement en escaladant des tas de pierres de 1m de haut à raz du ravin, un minibus en sens inverse le pied sur le klaxon qui s’insert au milieu, le tout dans la poussière of course… bref, le bordel !!!)…


Avec un soucis en plus : Gégé perd de l’eau par le système de chauffage, et sa température montait de plus en plus rapidement… d'ou des pauses de plus en plus rapprochees...





résultat, on arrive péniblement à Dir à la tombée de la nuit, 85 km en près de 7 heures…
Dodo sur la pelouse du PTDC sans manger because presque plus de roupies… Douche froide, petit dej de galettes bien grasses et d’omelette, on fait le plein d’eau et on repart un peu inquiets car Gégé a perdu pas mal d’eau pendant la nuit…
Et effectivement, on doit s’arrêter de plus en plus fréquemment pour attendre que ça refroidisse, remettre de l’eau… Tout le système de refroidissement bout littéralement… Après 4 arrêts, on accepte de l’aide d’un pakistanais qui s’est arrêté et qui nous amène au village d’après chez un garagiste (enfin, une baraque en bois au bout du bazar !) : Ok, il dit qu’il voit ce que c’est et qu’il s’en occupe ! Mais c’est difficile d’accès, il démonte quasi tout pour sortir le chauffage,
et une heure plus tard, verdict : c’est une pièce qui est cassée… mais il peut réparer ! Et il le fera, avec du mastic, de la colle et de la soudure… Une heure après, petit tour d’essai : Gégé ne coule plus et ne chauffe plus ! Yes !
On repart plus serein après avoir déboursé… 7 euros !
Et la route est bien meilleure… On espère même arriver à Islamabad le soir… A plusieurs détails, on s’aperçoit petit à petit qu’on a quitté le monde des montagnes et retrouvé le sud : des routes bordées d’eucalyptus, de plus en plus de camions décorés, un vélo, un rickshaw… tiens, des buffles… et les villes sont de nouveau bordéliques, de la nourriture partout, du monde partout ! Manaï, qui était un champion des trous et des bosses, doit se réhabituer à la conduite sportive du sud !!


Et au bout de quelques heures, on a le bonheur de tomber sur une autoroute qui n’était pas sur la carte, et pour cause ! on se rend vite compte à quelques détails que c’est une autoroute, mais bien pakistanaise, et en finition de surcroît !!
trouvez les 2 erreurs !
idem !


Mais que c’est bon de faire 10km en quelques minutes et non en une heure !!! Et à la nuit, on retrouve notre camping à Islamabad, ses écureuils, ses arbres et ses oiseaux… et Fredi et Laure, les français qu’on avait croisé à Gilgit ! Du coup on finit à 7 dans leur campingcar avec un super curry de poulet, des gâteaux… et la vieille prune ! Cool, le retour à la civilisation !
On retrouve aussi Peter, le sud africain croisé à Quetta, qui du coup va sans doute faire la KKH !










lundi 24 septembre 2007

Sur la piste aussi, Gégé est formidable !

Les sacs à dos étaient prêts pour un treck de 4 jours… Mais le temps grisouille, voir pluvieux et la rencontre avec un français de Hong Kong qui fait des reportages au Pakistan depuis des années, nous a fait changer d’avis : la route entre Gilgit et Chitral, une transversale de 350km qui était marquée en Jeep road sur notre carte, a été refaite 2 ans auparavant, est maintenant praticable puisque les bus passent, et paraît-il magnifique… Va pour le road trip au lieu du treck !



On prend la route vers 10h, et après s’être trompés de direction, puis s’être perdus dans les minuscules routes à la sortie de la ville et avoir risqués de priver d’électricité de nombreux quartiers tellement les fils étaient bas, on est enfin sur le bon chemin, vers midi ! ça commence bien…



La route est effectivement superbe, sillonnant la vallée de la Gilgit River, une eau turquoise un peu laiteuse, et les roches ont des couleurs magnifiques malgré les nuages. Petite crainte quand vient la pluie, mais les couleurs prennent un éclat encore plus frappant, et on se retrouve vite au sec… La rivière s’étale en lacs par endroit, à d’autre c’est un cours d’eau à truites où même la police s’arrête pour pêcher !
Vers 17h, on décide de s’arrêter et de passer la nuit dans le seul village avec un restaurant à quelques dizaines de km à la ronde, Phendar. On se trouve un chouette petit terre-plein vers la rivière (et c’est rare sur ces routes en virage…) et on se fait une partie de barricade (c’est Manu qui a gagné, pour une fois… !) en attendant l’heure du repas car c’est toujours le ramadan…
A 20h tapantes, on se retouve dans un tout petit restau, une de seules maisons éclairées, et on s’offre le seul et unique « plat du jour » : un ragoût de viande et pommes de terre délicieux et ses galettes « chapatis » fraîchement cuites qui tiennent lieu de fourchette bien sûr… Mais on a de l’entraînement maintenant ! Dire que tout le nord du Pakistan est producteur de pommes de terre, jusque dans les plus petits villages, et que c’est quasi la première fois qu’on en mange…


Nuit frisquette… et pendant le petit dej (chapatis de la veille et abricots secs…), toute une famille arrive au compte goutte pour ramasser les pommes de terre justement dans le champs à côté ! Bon, on sort faire connaissance en Franco-Urdu, accueillis avec des sourires du fond du cœur comme d’habitude, et la séance photo fera plaisir à tout le monde ! Celles-là, on leur enverra…







Et c’est à nouveau le départ… Toute la soirée, Manu a fait ses prévisions et calculs de durées, km, budget, lendemain, étape… tournicoté tout dans la tête avant de s’endormir et même en dormant… comme d’hab quoi ! Mais mais mais… quelques km plus loin, on se trouve devant la route refaite il y a 2 ans : c’est… comment dire… une piste. Des cailloux, de la terre… une piste de chez piste, qui grimpe à flanc de falaise le long de la rivière, large comme un véhicule, parfois même un peu moins ! Bon… On passe Gégé en 4x4 pour éviter les glissades, sur quelques km, pense-t-on… et il restera en 4x4 pendant 2 jours ! On fait du 15km de moyenne environ…

Heureusement, vu la route, on ne croise personne, à part des villages perdus et quelques piétons venant d’on ne sait où et allant des km plus loin, qui passent un peu de temps dans le confort de Gégé ! Enfin confort tout relatif, car s’il y a un canapé, ça secoue quand même sévère malgré la vitesse de tortue !

Mais c’est sublime… On se croirait en Mongolie par endroits, à d’autres en Afghanistan…



Les chèvres ont des poils longs sur les pattes, les moutons bien laineux ont rétrécis, les vaches se sont transformées en Yacks et nous on met le chauffage (n’avais froid aux petons !)


Gégé tient le coup et passe dans des endroits impossibles, Manu est un champion pour le choix des maigres options : le trou, la bosse ou le caillou, pas le ravin… et moi, je mitraille ! Et il est soucieux, le Manaï… because les pneus… et le passage à 3500m qui nous attend loin devant…La piste s’étale doucement dans la vallée, montant paresseusement dans une vaste plaine parsemée de yacks, de ruisseaux, entourée de montagnes…



On s’arrête pour laisser nos derniers passagers, au milieu de nulle part… et quand je descend pour leur ouvrir la porte latérale, j’entends un pchhhhutchhhh de mauvaise augure… et voui, pneu arrière gauche crevé, enfoncé par un caillou pointu de 4 cm de long… Bon, on est à plat, mais sur terrain plat, la piste est large, on a une roue de secours qui nous reste après la mésaventure en Iran… Il n’empêche, ça fout un coup au moral !


Et de 15 km/h, on passe à 10, surveillant les pneus comme le lait sur le feu… Car si on crève à nouveau, là… Et on ne peut pas dire que l’état de la piste s’améliore, loin de là !Mais comme d’habitude, le paysage prend le dessus…
On arrive à la Shandur Pass… Un endroit magique… La tentation de rester là à regarder pendant des heures nous traverse… C’est à 3734m, et il y a un lac turquoise, des montagnes superbes, une douceur dans l’air…
Check point - Hotel - restaurant !


Mais bon, il est midi, on peut avancer encore une bonne partie de la route, surtout qu’on ne sait pas trop ce qui nous attend encore…On quitte à regret la plaine du sommet, mais ce paysage continue pendant des km, en pente douce… puis moins douce !
















A chaque microvillage, Manu demande s’il y a un réparateur, mais non… Jusqu’à ce qu’on arrive au niveau du village prévu pour la nuit, Mastuj, où il y a un hôtel du PTDC, l’office du tourisme Pakistanais. On refait un petit plein d’essence a la station et on prend la route qui mène au village. Ben là, pour le coup, c’est une jeep road !!! On aurait vu avant l’état de la piste, on ne s’y serait pas risqués… C’est un peu comme si on roulait sur une plage normande pleine de galets et de cours d’eau, mais en grimpette !!! Et pourtant, les bus y passent !!!! Et on se retrouve en haut d’une pente raide et caillouteuse qui va en se rétrécissant : la rue principale du village ! Après avoir tenté de rentrer par le portail du camping site local (4 murs et 3 brins d’herbe…), éraflé la portière et réussis à refaire marche arrière, on laisse Gégé en plan, et on part en éclaireurs à pied. Bon, ça passera, et l’hôtel est en bas… Au passage, Manu réussit a dégoter un réparateur in extremis avant la fermeture journalière de fin du ramadan : le tubeless est transformé en pneu à chambre à air… et le trou bouché par une rustine… mouais, ça servira de roue de secours en cas d’extrême urgence, pas plus !
On descend donc, on fait encore 1/2km de chemins et on se retrouve devant un pont en bois vraiment pas engageant… demi-tour (ou plutôt à reculons) ! En désespoir de cause on demande à des fermiers si on peut se poser le long de la piste vers leur maison… Pas de problème ! Et on fera la joie de tous les gamins du coin qui défileront jusqu’à la nuit, grimpant dans Gégé avec un ravissement indicible et l’explorant sous toutes ses coutures. On nous offre des pêches, des pommes, des noix… Et on discute un moment avec un petit bonhomme d’une dizaine d’année, futé comme tout, qui en voyant les photos de cet été en France, dira d’un air à la fois étonné, dépité et envieux : « but it’s so free… so free »… c’est vrai que des filles en débardeurs et des mecs torse nu, tranquilles au coin d’une table devant un BBQ, ici, c’est inconcevable…
On se régale de beignets d’oignons, de patate et de viande-patate ainsi que plein de fruits, donc, et on passe une super bonne nuit, sous la couette cette fois ! Du moins moi, parce que Manaï est tout soucieux à cause du dernier rebondissement de l’histoire… Il paraît qu’il y a un pont à passer pour continuer la route vers Chitral, et que a priori, Gégé est trop large pour passer, ce qui veut dire demi-tour sur Gilgit… et puis il y a la pluie qui menace, le pneu pas réparé vraiment, le visa qui expire le 30, et puis et puis… bref, je dors comme un bébé en disant « on verra bien demain », et Manu fait la crêpe dans le lit !
Un militaire en vacances, Choukal, nous rejoint à 8h du matin pour nous accompagner jusqu’au pont… ou jusqu’à Chitral, selon si on passe ou non ! On se tape le chemin retour jusqu’à la route principale sans embrouille, Gégé et Manu, la winning team, toujours en forme, et on arrive devant le fameux pont, en bois, sur le ravin… C’est pas large en effet… mais on passe !!!
Ouf. La winning team est toute ragaillardie et prête à faire les 100km qui restent en quelques heures ! Mais la piste déjà pas fastoche se dégrade encore… Et au bout de 2h et demi, on a fait 26km… C’est beau, mais fatiguant, et Manu est toujours anxieux pour les pneus car les cailloux sont bien pointus par endroits… et moi je vois plusieurs fois le ravin en dessous de nous à travers la route !!!







Après un village où les freins commencent, histoire de pimenter un peu le tout, à donner des signes de faiblesse… on retrouve la route, la vraie ! Du goudron impeccable qui fait tout drôle sous les roues de Gégé, comme si tout devenait plus doux… et ce silence…



Bon, faut pas exagérer, on devra remettre le 4x4 une fois, la montagne s’est effondrée sur la route à plusieurs endroit et il y a toujours des ruisseaux à franchir, mais quand même : on ne met que 3h et demi pour faire les 75km qui restent !!!



dialogue franco-urdu !







Et arrivés à Chitral, on se pose enfin dans le jardin du PTDC. Cool et contents du road trip… et trop fiers de Gégé !!!!