Mais reposés du tumulte habituel dans notre Zen hotel, on s’est motivés, et on ne regrette pas du tout.
Pourtant, l’arrivée n’a pas été sans encombre car nocturne because on s’est un peu égarés en arrivant en périphérie. Je ne vous refais pas le refrain sur la conduite de nuit… mais en plus du bazar habituel, c’est toujours la fête de Durga, qui est particulièrement intense à Vanarasi : des rues entières sont bordées de lumières, avec des autels géants à la déesse et des sound systemes de 4 m de haut et au moins 10 000 décibels ! Et une foule de petits vendeurs, de badauds à pied, en vélos, venus faire la fête… Chouettes les haies de lumières pour Gégé !
On a réussi quand même rejoindre notre hôtel, repéré car dans un quartier calme et acceptant le camping… Complet ! On en dégotte un autre, une nouvelle splendeur décrépie au milieu d’un parc immense, l’Hôtel de Paris…
un coin habituellement calme devrais-je dire, car il y a un autel à Durga dans le coin, et on se tapera en continu, en boucle et à fond de décibels (surtout la nuit, bien sûr !) une espèce de mélange de salsa, techno et musique sacrée, avec quelques speechs au micro au milieu, un bon cocktail à l’indienne !
devant, c'est la tete du pedaleur de rickshaw...
derriere, les lumieres de la fete, sans la foule!
Est-ce parce que c’est dimanche et que pas mal de boutiques sont fermées , mais on se régale vraiment dans les centaines de ruelles de 1 m de large qui tournent et se croisent sans plan défini, avec d’innombrables petites échoppes, vendeurs de bondieuseries, de saris, de soie bien sûr (la spécialité de Vanarasi), de fleurs, de bétel, de samossas, de farine, de balayettes, de tout et rien, et quelques vaches, vélos et motos au milieu ! Pas de presse, pas de quémandeurs, pas de mutilés… C’est sale, inégal, décati, plein de bouses de vache ; mais aussi coloré, plein de trucs sympas… d’ailleurs, on se fait une séance shopping pour la première fois !
On s’est aussi trouvé un petit café restaurant bien reposant à l’ombre d’un temple pour les pauses loin de l’affairement du marché.
A la tombée de la nuit, on se retrouve sur les ghâts, en même temps que des centaines et des centaines et des milliers d’indiens : c’est la fin de la fête de Durga, et toutes les statues de la ville sont amenées en grande pompe vers le Gange pour y être immergées, de la plus petite à la plus grande, et certaines font deux mètres de haut et sont amenées en tracteur ! Et quand je dis grande pompe, il ne faut pas croire que c’est solennel, on est en Inde ! Ce sont des processions avec en général devant un orchestre ou, mieux, un rickshaw surmonté de hauts parleurs diffusant de la musique à tout casser ; derrière des gens qui dansent, des hommes, des jeunes ; puis nouveau rickshaw avec dessus le fameux mur de watts qui en rajoute une couche ; puis de la lumière : soit un spot sur rickshaw, soit des gamins avec des néons sur la tête, voir des espèces de lampadaires (si si), le tout pour éclairer la fameuse Durga qui arrive donc enfin, sur son rickshaw, sa camionnette, son tracteur selon la taille ! Et derrière, parce que il faut bien du courant pour alimenter tout ça, le rickshaw groupe électrogène, modèle 1950 !!! je vous laisse imaginer les montages électriques, les fils reliant le groupe électrogène à chaque porteur de lumière, passant au dessus des danseurs et allant au sound système…
Plein de gens suivent chaque cortège à travers toute la ville, et ce beau monde se retrouve donc… vers les ghâts ! Des dizaines de Durga attendent leur tour en haut des marches, spectacle surréaliste.
Elles sont déchargées et descendues une par une au bas des marches par des dizaines de personnes jusqu’au bord du fleuve (ils ont du mal pour certaines, impossibles d’imaginer leur poids !). Chaque cortège a loué sa barque et c’est encore moult chants, encens, flammes… puis plouf, tout est balancé dans le Gange : statues, fleurs, guirlandes. C’est un ballet incessant et qui durera 3 nuits ! En même temps que l’immersion des Durgas, à lieu la cérémonie du feu journalière au bas des marches, la même qu’à Rishikesh, mais là pour le coup, beaucoup plus cérémonial : 5 prêtres font en même temps des rituels avec les 4 éléments, la terre étant symbolisée par des pétales de fleurs rouges envoyés en l’air, l’air par des plumes de paon agitées de manière très codifiée, le feu par de l’encens enflammé qu’ils font danser dans l’espace, et l’eau par celle du Gange bien sûr, puisée, versée et bue (brrrr), le tout dans les quatre directions, à la lumière des flammes… c’est vraiment magnifique, plein de jaune, orange, rouge, de lumière et de musique, et tous les soirs des centaines d’Hindous viennent pour se recueillir, chanter, frapper dans les mains et à la fin, offrir au Gange les fameux bouquets enflammés qui dérivent au fil de l’eau.
On ne savait plus où regarder : à gauche et sur le fleuve, les Durga chargées sur les barques, au centre la cérémonie du feu, et à droite, sur un bateau, une immense Durga illuminée avait droit à un traitement spécial : danse, encens, chants, percussions, flammes passées sur les mains : une vingtaine d’officiants survoltés lui rendaient son dernier culte. Il faut dire que Durga est en charge de maintenir l’équilibre des forces cosmiques… c’est quand même important !
Autant dire que tout ça nous a bien suffit pour une première journée à Varanasi… et que malgré le sound system encore en place pour notre Durga personnelle (pas de chance, ce sont les plus près des Ghâts qui plongent le premier soir, et nous, on est à l’autre bout de la ville…), on a encore bien dormi !
On s’est même payé le luxe d’une grasse matinée (9h quoi…) et après deux trois courses, nouvelle plongée dans l’âme de Vanarasi : les burning ghâts, le lieu où depuis 400 ans sans interruption, nuit et jour, mousson ou non, les feux crématoires brûlent les corps des défunts dont les restes calcinés sont ensuite livrés au fleuve…
Perchés en haut d’un bâtiment servant d’asile à quelques vieillards avant le grand voyage, nous avons une vue plongeante sur ce haut lieu de l’hindouisme. L’ambiance est bizarre, à la fois recueillie et prosaïque. Un jeune nous explique les rites, plusieurs corps brûlent, enveloppés dans un tissu blanc, d’autres arrivent, portés par les familles sur des brancards en bois, recouverts de tissus brillants et colorés, pour être immergés dans le Gange purificateur puis portés sur des fagots de bois, sur les foyers toujours ardents depuis des siècles; il y a des grandes barques dont on décharge le bois, balancé sur les braises ; il y a des chiens qui traînent au bord du fleuve en quête de restes… il y a des colliers de fleurs jaunes et rouges, et des lambeaux de tissus chatoyants qui stagnent au bord ou dérivent dans le courant ; il y a des vaches, des buffles qui se baignent entre les barques…
Quand un corps a fini de brûler, un des membre de la famille prend un des restes entre deux bâtons pour le jeter dans le fleuve, recueille de l’eau du Gange dans une jarre en terre, jette la jarre par dessus son épaule dans les braises pour signifier que tout est terminé et que le rite a été accompli et toute la famille part sans se retourner… pas de femmes car ça créerait des pleurs peu propices au repos de l’âme des défunts…
Dernier repas dans notre restau du temple (et oui, ça ne nous a pas coupé l’appétit !),
et retour dans Gégé pour tout ranger en vue du départ du lendemain. Vers 10 heures du soir, on voit passer notre Durga, celle qui nous a cassé les oreilles pendant deux nuits : elle s’en va en grande pompe vers le Gange, montée sur un camion avec force groupe électrogène, néons et musique, of course, et danseurs surexcités… On estime son temps de trajet à au moins 4 heures !!!
Deux jours plus tard, nous arrivons au parc national qu’on a décidé de s’offrir. Le paysage est bien plus arboré, on a retrouvé aussi les rizières et plus de chaleur. L’hôtel à l’intérieur du parc s’avère bien décevant pour le prix (prix d’un hôtel chic…), et nous obtenons après négo de camper dans Gégé, avec pension complète. On annule finalement la jeep et la balade en éléphant (qui ne dure que 10 min…) et optons pour la visite… en bus. L’option idéale, trek et camping sur 2 jours coûte quand même 240 euros ! Mais il y a de la faune autour de nous, c'est deja ca!
euh, plus ou moins sympa, la faune!
Réveil a 5 heures, départ en retard, et on se retrouve sur la même piste que 40 jeeps (encore une histoire de pluie qui rendent les autres pistes impraticables), piste qu’on fera à l’aller et au retour… Autant dire que les chances de voir un tigre ou un léopard sont plus que petites !
Mais la foret est magnifique au petit matin...
Et effectivement, on aurait pu rester à la terrasse de l’hôtel… Tout ce qu’on a vu, on le voit de la terrasse en sirotant une biere: les daims paissent juste à côté, des sangliers se baladent, des paons picorent de-ci de-là, plein d’oiseaux (dont l’oiseau tigre, par ironie !), et les singes grimpent partout, se chamaillent sur le toit et nous regardent manger par les fenêtres ! Et en plus, il y a des « bisons » le soir, et on a vu une sorte de renard…
Déçus par la balade bien trop cher pour ce que c’est, mais on est bien ! Et la nuit, y’a plein de bruits bizarres, de craquements, de pas… excitant, non ? Manu a vu à hauteur de fenêtre des daims brouter tranquillement… et les singes aussi!Parlons-en, des singes... quand on est venu nous apporter le petit dej dans Gégé (au lit, quoi !), les singes ont repéré les toasts beurrés et tenté de nous en piquer ! Ils étaient toute une tribu sur le toit, collés au pare-brise, assis sur les rétroviseurs… et les petits menaient une de ces sarabande ! Des traces de pattes de singes, y’en avait plein le Gégé ! Chouette fête pour notre départ…
et ca, c'est Manu qui court ramener les assiettes et les tasses vides!
Petite particularite locale : les vaches ont les cornes de toutes les couleurs : rouges, oranges, jaunes, vertes ou bleues, certaines meme a rayures !!! Ca pourra donner des idees a certains pour egayer les champs normands !
Autre specialite : une boisson avec sirop de rose, ice-cream, nouilles et yeux de grenouilles... mais ca, Manu vous en parlera au retour !